
J’habite un grenier
Je suis entouré de montagnes de tuiles
Enneigées en hiver
Rouge orangé argileux
En été
J’habite un grenier
Entouré de montagnes de tuiles
Aux pentes descendantes
Pareil à des pistes de skis pour nain débutants
Pareil à des carapaces de batraciens géants
Dont on aurait recouvert de leurs immenses écailles les toits des chaumières environnantes
J’habite un grenier
Où le plancher marque son existence centenaire par ses craquements sous un balatum plus jeunes et moins authentique
J’habite un grenier
Où les casseroles débordent d’eau qui boue
Où le radiateur est gravé forgé d’arabesques, plantes sinueuses, telle une œuvre d’Art Deco
J’habite un grenier
Où le rideau est déchiré comme la voile du Bateau Fantôme
J’habite un grenier
Où la lumière m’inonde chaque matin de sa douceur de vivre
Comme la Dolce Vita rythme les pas italiens
J’habite un grenier oublié et oublieux des nombreuses présences d’avant la mienne, des nombreuses présences d’après la mienne
J’habite un grenier
Et je t’y espère mon aimée.

