Le Chat Bleu

Le Chat Bleu était un chat vagabond. Il errait de par les rues des villes inconnues à sa féline géographie. Lors d’une chaude nuit d’été, par la fenêtre d’une maison de plein pied, l’énigmatique animal entra de pleine pattes dans la vie de la famille Sals. Les Sals étaient un petit modèle de foyer , pareil à ceux que l’on voyait à la télévision. Le père Sals était électronicien et travaillait dans une « boîte », comme il disait de manière dithyrambique. 20 ans plutôt, il avait épousé Adeline devenue secrétaire, officiant dans une compagnie pharmaceutique. Leur union avait donné naissance à Jessica, une adolescente intelligente et éveillée, longue comme ses cheveux noirs. Taciturne, Robin, second adolescent dégingandé , circulait depuis 14 années entre le vaste et lumineux living, la cuisine américaine et les trois chambres situées à l’étage. L’impromptue apparition du Chat Bleu , ce soir d’été, égaya la routine familiale . Dès son entrée, de sa démarche emplie de sagesse comme la blancheur de ses moustaches, le plantureux matou déambula sur le dossier du canapé en cuire. La petite tribu observa l’incongru invité d’un œil couvant le secret, l’étonnement et l’admiration. Sans se concerter, l’animal fut adopté.
Le Chat Bleu circulait dans les limbes des rêves floconneux et filandreux du jeune Robin. Depuis plus d’une semaine, le quadrupède apportait harmonie et douceur à tous les habitants de la maisonnée . Sa présence réconfortait le maussade benjamin, son regard bleu abyssal calmait les anguiosses du père, son ronronnement ouvrait les confidences de l’ aînée , sa vue apaisait la maman protectrice comme un dragon avare couve son or. Chacun sentait la féline magique présence. L’atmosphère était paisible, empli d’une confiance, étrangère au passé familial. Jour après jour, la secrète Jessica confessait à l’énigmatique félin les nombreuses questions qu’elle n’osait plus poser à la précédente confidente de son cœur d’adolescente romantique : sa mère. Le lien avait été brisée. Un soir elle surpris une conversation dans la chambre de ses parents. Chaque mots des lèvres de celle qu’elle appelait encore à l’époque « maman », fut un coup de poignard dans son cœur . La seule intime de ses secrets les plus sensibles , révélaient chacun d’eux à son époux ! Dans la salle de bain, la jeune Jessy s’écroula sur les larges dalles froides. Effondrée par la réalité de la trahison, des coups frappés sur la porte de l’alcôve, recueillant les dernières larmes de l’enfance, avait mis un terme à celle-ci. Depuis ce douloureux événement, remontant à une année , Jessy ne divulguait plus rien à celle qu’elle appelait à présent « mère ».
Peut-être les frôlements du descendant de Bastet avaient ils réveillé la libido du père qui éprouvait un regain d’attirance avec celle qu’il surnommait « mon hiboux ». Ce surnom était une taquinerie qui se moquait tendrement des larges lunettes que portait à leur début Adeline. Les années passant, autant que les progrès techniques , les lentilles avaient ranger dans sa boîte le précieux souvenir. Il ne ressortait que lorsque les yeux, fatigués par une longue journée de concentration sur l’écran d’ordinateur , ne supportaient plus le contacte des petites coquilles de plastics transparentes.
Parfois, des larmes mal retenues étaient aussi la raison du port des larges carreaux carrés. Pour éviter que sa petite tribu n’entendent ses hoquetaient de peine, Adeline faisait couler l’eau de la douche et pouvaient ainsi soulager son cœur lourd. L’approche de la quarantaine ? L’âge ? La routine? De nombreuses hypothèses, plus nébuleuses que l’origine de la vie, essayaient vainement de raisonner l’âme maussade et angoissée de la plus que trentenaire. Avec le temps, la culpabilité avait fait place à l’acceptation. Adeline laissait le chagrin surmonté sa volonté d’épouse parfaite et de femme au foyer. Tel une déferlante, c’était une vague qui la submergeait sans prévenir.
– Il faut juste attendre que ça passe, lui avait expliqué sa mère avec le sceau de l’expérience .
Ce qu’elle ignorait, c’est que son époux avait découvert ces instants de profonde détresse. Une nuit, l’absence dans le lit et un besoin pressent avait amené celui-ci devant la porte de la salle de bain. Pour éviter de réveiller la maisonnée, Adeline n’avait cette fois pas fait couler l’eau en fond sonore . Entre le fin battant de bois, les hoquets avaient atteint les oreilles qui, bien que somnolentes, en furent profondément affectées . Indécis, les lèvres surmontées d’une moustache blonde , étaient restées muettes. Les gestes aussi. Les pas silencieux avaient regagné la chambre. Le sommeil ne vient que tardivement, bien après qu’Adeline revenue, ne pose sur la table de nuit les précieuses lunettes à large carreaux.
Les jours suivants, Marc n’avait osé aborder le sujet des larmes de la nuit. Incertain , il observait depuis lors sa femme comme une inconnue recelant un secret si lourd qu’elle ne lui en parlait pas. Pour lui, leur pacte avait été rompu. Le pacte était cette promesse que les deux amoureux, épris d’une passion fusionnel l’un pour l’autre, c’était jurée lors de leur première nuit: ne rien se cacher. Ce même pacte, qui avait amené Adeline a révéler les confidences de sa filles quelques années plutôt, était, depuis cette nuit des larmes, caduc dans le cœur de l’amant. Dans le vacarne du non- dit, trois années s’étaient enfuies dans une sourde lenteur.
– Hé ben , notre pacha semble se plaire dans notre humble logis!
Affectueusement, la main fatiguée par la journée de travail caressa le haut de la tête aux yeux lignées d’iris verticaux. Le Chat Bleu, étendu devant la baie vitrée, inondée d’un soleil radieux, l’accueillis d’un ronronnement éloquent de satisfaction. Marc posa sa sacoche à bandoulière. La vaste table était brillante. La télé raisonnait dans le living, absorbé par Robin mangé par le confortable canapé en U. Le bruit de casseroles dirigea les pas de l’électronicien fourbu vers la spacieuse cuisine américaine. L’ambiance était comme à son habitude. Le touché de ses lèvres sur la fermeté de la joue crispée de celle qui partageait sa vie lui fit comprendre que ce n’était pas le cas.
– Soucis?
– Robin!
Le nom du benjamin claqua sec comme le bruit des casseroles qui se retrouvèrent enfermés à leur place: dans l’armoire !
– Il n’est pas allé à l’école depuis deux semaines ! Deux semaines ! Tu te rend compte! Deux semaines qu’il nous ment! Deux semaines !
Les larmes se mélangèrent à la colère, à la déception, mais aussi au fond, tout au fond, origine réelle, a cette indéfinissable sensation de mal-être qui existait en Adeline depuis plusieurs années sans qu’elle puisse l’expliquer ni la cerner. Dans les yeux bleu de son époux, elle vit apparaître un début decolère . Cela la ravie. Enfin une émotion apparaissait sur le visage passif de celui qu’elle avait pourtant aimée et admiré follement. Les minutes qui suivirent furent graves de conséquences. La petite famille modèle implosa comme une étoile brillante s’effondre sur elle-même, entraînant tous ce qui l’entoure: les planètes, les objets; le temps, les souvenirs ; la lumière, la confiance. Jamais Robin n’avait élevé la voix . Jamais il n’avait songé qu’un jour il viendrait à insulter son père qu’il aimait. Mais les propos et surtout le ton accusateur, empli d’amers reproches, avait, comme un détonateur sur lequel on appuis, fait exploser toutes les frustrations retenues depuis ses 14 années. D’abord replié en lui-même, subissant l’inquisiteur paternel, puis l’averse de conseils, mélange d’avenir et de responsabilité personnelle, Robin avait commencé à répliquer d’un ton las : « Je sais » , « Je m’excuse » , terminé par un « Pardon » qui sonna faux, même aux oreilles de son auteur . La réprimande fulmina ! Du replié, les sarcasmes avaient émergés: « Ouais, c’est ça, et être comme toi » , « Tu parle d’un avenir génial : être l’esclave d’un patron qui t’exploite ! quelle réussite ! Mais moi ça ne m’intéresse pas ! » avait été le premier coup de semonce d’une volée d’injures qui stoppèrent sous le coup d’une gifle! Le silence avait saisis tous le monde, attiré par l’agressivité des paroles .
– Monte dans ta chambre ! ordonna la voix paternelle .
Main sur la joue endolorie, l’adolescent s’était arrêté devant les marches de l’escalier menant aux chambres. Assis sur la première, des yeux en amande l’observèrent attentivement. Pareil à l’ étreinte d’un ami, une intense compassion en émana. Comme l’eau nourrit le terreau asséché, elle se déversa dans le cœur haineux de Robin. Hésitant, le rebelle se retourna, fit les cinq pas qui le séparait de l’amour meurtri du pardon. Face à son père, interloqué par ce revirement, les jeunes bras fermés s’ouvrirent, agrippèrent et serrèrent, d’une étreinte à le faire étouffer , le corps haut et maigre vêtu en chemise cravate. L’animosité en ébullition s’évapora. Les deux orgueilleux blessés se ressoudèrent. Tel un prince descendant de son trône, une démarche féline quitta la marche recouverte de moquette. La toison bleu nuit vint se frotter aux jambes du père et du fils réunis . Pour la première fois depuis des années, des larmes de joies emplirent les yeux d’Adeline.
– Tu vois, les hommes, les garçons, c’est comme ça ! On ne sait jamais ce qu’ils pensent! N’y même si ils pensent!
La jeune Jessy éclata d’un petit rire, étonnée et ravie de son humour spontané.
– La seul chose que tu peux être certain, c’est qu’ils ne pensent qu’à ça: au sexe , murmura la voix à peine mue, ayant l’impression de prononcer un mot vulgaire et jamais entendu au sein de sa famille.
Juste à côté de la porte de la chambre ouverte, Adeline était attentive comme un écolier à son premier jour de court. Les paroles révélées par inadvertance firent écho en elle ainsi que la sentence du thérapeute : négligence affective . Une profonde inspiration, venue de la pratique régulière du yoga, chassa les images de sa propre mère maltraitante .Comme une signature au bout d’un contrat, l’expiration marqua sa résolution: reprendre un contacte authentique avec sa fille ! Sans plus attendre, elle reprit sa marche et toqua à la porte ouverte.
– Votre altesse, puis-je pénétrer votre incomparable palais? demanda t’elle d’un ton qu’elle s’efforça d’être celle d’ une servante, souvenir d’expériences théâtrales , acquise des années avant son mariage.
– Oui, je vous en prie. Faite, faite, répondit du tac au tac l’espiègle hôtesse , ravie de ce nouveau jeux.
Sans rien laisser paraître de son trouble intérieur, Adeline commença à ramasser précautionneusement les objets éparpillés dans la pièce. Elle les manipula comme si ils étaient des objets précieux. Cependant, les oreilles du vieux matou, tel des paraboles mobiles, suivaient les moindres déplacements tandis que ses yeux, de la même couleur que son étrange pelage, restaient fixé sur ceux de Jessy.
– Me permettez-vous, votre altesse, d’emporter à la cuisine votre inestimable verre de cristal fin? désignant une canette de coca à moitié consommée deux jours plutôt.
D’un mouvement, qu’elle tenta de rendre dédaigneux, la juvénile main accepta la proposition, tandis que les ronronnements, tel un sphinx égyptien couché sur le ventre, commençait à agir sur les nœuds intérieurs de la jeune femme.
– Désirez-vous que je vous rapporte quelques gourmandises, quelques bouchées, votre nénuphar au jasmin si doux que l’air en est purifié ?
Cette fin de phrase fit craquer la jeune femme . Un rire dérida son visage qu’elle tentait de maintenir sérieux.
– Non mais , la , maman… c’est quoi cette phrase! lâcha-t- elle, spontanément, entre deux rires étouffés.
– C’est tout l’amour que j’éprouve pour la très belle femme que j’ai eu le bonheur de mettre au monde, il y a 16 ans déjà.
Au mot de « femme », le cœur de Jessy sauta un battement . C’est une des questions qui lui taraudait constamment l’esprit. Le regard juvénile plongea dans celui de l’aînée. Une seconde se tendit comme une main tendue. Adeline patienta. Rien ne vînt. Résignée, elle quitta la pièce à reculons, avec force de courbets exagérées. Une fois dans le couloir, les yeux de Jessy plongèrent dans ceux profonds du Chat Bleu. Les ronronnements étaient devenus si sonore que Jessy eut l’impression qu’ils la massaient et lui parlaient en même temps.
– Maaammm…
Rien qu’à l’intonation de cette syllabe, Adeline sut qu’elle venait de se rapprocher de sa fille. Empli d’espoir et d’angoisse de faillir, elle retourna vers la chambre .
– Oui,votre seigneurie? continua t’elle de jouer, inclinée devant l’embrasure de la porte.
Interdite, Jessy douta quelques secondes puis finalement:
– Nous aimerions vous entretenir d’une question de la plus haute importance pour la sécurité de l’Etat, mais aussi…. l’adolescente hésita, puis, résolument, lâcha d’une seule traite…. pour votre avenir au sein de notre château !
D’un hochement respectueux de la tête, Adeline accepta la remarque. Jessy indécise ne sût pas quoi ajouter. Pour l’aider, Adeline entra dans la pièce et pris place sur le bord du lit.
– Je suis à vos ordres , votre altesse . Demandez et j’obéirai.
Au timbre sincère, appuyé par un regard tout aussi clair, Jess sentit son armure de méfiance se fendre . L’amour et la confiance, qui y étaient enfermés, en poussèrent les parois et rongèrent le sentiment de trahison et d’amertume .
– Voila. Nous avons été extrêmement mais extrêmement déçue par votre service, commença la subtile fausse princesse .
Adeline sentit son estomac se tordre. Elle comprît qu’il fallait en passer par là pour partager la confiance et l’amour que sa fille avait encore pour elle. Sans plus attendre , le Chat Bleu sorti de la chambre redevenue lieu de connivence entre les deux générations.
– Marc, il faut que je te parle !
L’assurance tranquille reposante sur les années passées ensemble, fut ébranlée . Elle s’effrita tant la force de sincérité des mots d’Adeline la corroda comme l’acide attaque la roche. Marc attendit. Les mains gantées de plastique rose restèrent collées au rebord de l’évier, évidé quelques secondes plus tôt. Graduellement , elles remuèrent. Les gants de vaisselle furent enlevés à la manière d’un chirurgien au sortir une opération. Marc eut l’impression que l’expression du visage de son épouse était identique. Un pronostic vital en contractait les traits. Le corps svelte tourna sur lui même et se posa sur le rebord d’acier.
– Il y a des choses que je veux garder pour moi….
Marc se crispa. Pourtant, dans le même temps, il sentit comme un courant d’air dans la pièce. Cette phrase déchirait quelque chose et ouvrait sur une large étendue, comme une plaine au matin d’un jour naissant.
– Je…… ne veux plus……révéler….. les confidences que notre fille me fait !
Un souffle de soulagement referma paradoxalement le paysage ouvert. Avec la rapidité des connexions neuronales, la phrase « Ce n’est que ça » parcourut les circonvolutions du cerveau ébréché un moment par la révolution possible. Adeline, les yeux vert agrippés au sol , fixa alors le visage de Marc. Elle y découvrit un soulagement. Cela l’interloqua.
– Te rappelle-tu notre pacte?
Il le reçu comme une gifle. Le pacte devient synonyme de menotte. C’était comme un étouffement indéfinissable. Une larme l’irrita. Adeline vit le visage, si paisible d’habitude, se décomposer , telle une peinture délavée sur un vieux mur battu par des intempéries quotidiens.
– Amour….. ?
Les bras enfermés sur les hanches fines, cernées d’un tablier à fleur, s’écartèrent et allèrent vers l’homme qui tout à coup lui paru fragile comme un enfant qui vient de tomber au sol. Sans se l’expliquer, Marc laissa les larmes descendent le long de ses joues, ses yeux bleu rivés à ceux vert d’Adeline. Le regard se transforma. La main masculine glissa elle aussi sur la joue adoucie par un maquillage. Sans un mot, pareil à un aigle fondant sur sa proie, la bouche plongea sur les lèvres rouges. Le contacte intense, mélangé à l’étonnement, embrasa la femme endormie par la routine . Adeline ressentit le feu ardent du désir. A l’étouffer, l’amant oublieux la serra. A l’inverse des flammes, le manque d’air attisa le brasier charnelle . Surexcitées les mains impatientes et volontaires dénouèrent le tablier et s’enfoncèrent dans les cheveux châtains . Une protubérance gonfla entre les cuisses masculines. Telle une tornade, la fougue bouscula Adeline. Ses mains y répondirent et assouvirent son appétit agrandi par les manques. Avides de la chair de l’autre, les amants retrouvés roulèrent au sol. Assise sur le palier , une féline présence agita la queue , se redressa et, au passage, poussa la porte restée ouverte par une cale qui ne résista pas à la patte velue du Chat Bleu.
– Mais où est il passé ? Mam, tu n’a pas…
A la vue des deux corps enlacés par la nuit torride, les mots restèrent dans la gorge de la jeune femme, intimidée devant la beauté des deux silhouettes à peine couvertes . Une bouffée sexuelle, qui la fit frissonner, lui parcouru tout l’épiderme. Les yeux vert émergèrent de dessous les paupières. Un sourire et un clin d’œil coquin fut la réponse d’Adeline face à la stupéfaction de sa fille.
Jess lui sourit, complice .
– Il faudra qu’elle m’explique
Elle reprit sa recherche du vieux matou invisible . Comme un chien de chasse renifle chaque buisson en quête d’une piste, elle tourna et retourna dans chaque pièce. Non, pas endormit dans l’armoire qu’elle avait un jour refermée sans prendre garde que le vieux sage, aux poiles touffus comme un gazon jamais coupé, était paisiblement entrain de faire une sieste sur la troisième étagère. Pas non plus devant la porte séparant la cuisine du jardin.
– Minou minou minou?
Pas d’apparition suite à ses appels? Elle scruta, nerveuse, le haut de toutes les armoires où l’énigmatique félin, dont les expressions ressemblaient parfois à un bouddha indien contemplatif, arrivait, on ne savait trop comment, à s’installer dans les endroits les plus inaccessibles. En désespoir de résultat, la jeune adolescente fit face à la porte de son jeune frère.
– Robin ? Robin?
Un « Hmmmm » , apparenté à un grognement d’ours que l’on dérange durant son hibernation , traversa la cloison mobile.
– Le chat est avec toi ?
Inhabituel, la porte s’ouvrit sur des cheveux en pic et un pyjama trop large.
– Quoi….?
– Le chat est dans ta chambre ?
Le corps maigre, fatigué par une nuit passée à jouer en ligne, se retourna, pris quelques secondes d’un examen minutieux , puis refit face.
– Non…..
Les yeux vert comme ceux de sa mère montèrent en direction du plafond, signe d’agacement. Jessy reprit sa quête de l’absent. Main droite grattant le cuir chevelu ébourriffé, Robin observa les pantoufles en forme de chien montées l’escalier menant au grenier.
Lorsqu’elle grimpa sur une caisse pour voir si par harsard le vieil animal ne s’était pas endormît dans la poussière nappant le haut d’une armoire massive comme un coffre-fort , par l’oculus donnant vu sur la rue, elle aperçut le sujet de ses recherches. Celui-ci, tel une sculpture de Satî, déesse de la fécondité, était assis devant l’entrée de la petite barrière en acier forgé. Les pupilles verticales rencontrèrent les pupilles ronde cerclées de vert. Soudain, la distance disparue. Jessica eut l’impression que le chat lui fit un clin d’œil avant de lever son séant avec la lenteur et la majesté d’un sage lama tibétain. Derrière le petit mur entourant la maison, la ronde silhouette disparue. Définitivement. Une paix intérieur envahit l’âme de Jessy. Comme si elle était sous une douche chaude et bienfaisante, toutes ses questions et craintes disparurent, comme le savon glisse sous l’action d’un jet d’eau. Elle sentit un profond amour l’envahir. C’était l’amour de sa mère retrouvé, celui de son père redevenu attentif, de son frère à nouveaux compagnon de jeu et, tel un joyaux au sommet de cette pyramide d’amour, celle du Chat Bleu.
– Merci et bonne route Chat Bleu , dit la jeune femme en guise d’adieu.
Comme un pèlerin en voyage infini,
d’un pas paisible, l’étrange animal s’éloigna vers une autre rencontre.
